• Présentation du Public de l'intervention.

    Le public que je « vise » au travers de ce blog est la personne âgée non démente, vivant en institution. Bien entendu, des liens sont possibles avec d’autres publics.

    J’ai choisi ce public car il est selon mes observations en situation de fragilité dans la réception des messages médiatiques et manque de recul vis-à-vis de celui-ci.

    En effet les personnes âgées peuvent par exemple facilement être sujettes au sentiment d’insécurité (ce que j’ai pu noter lors de différentes expériences professionnelles) qui est fortement véhiculé dans les informations diffusées par les médias.

  •  Est définie comme personne âgée par l’OMS (Organisme Mondial de la Santé), toute personne qui a plus de 60 ans. Les services et prestations pour personnes âgées s’adressent d’ailleurs à un public âgé au minimum de 60 ans. Les personnes âgées représentent 27% de la population Belge.

    La personne âgée est une personne qui a un vécu, une vie riche d’expérience. L’échange peut être important pour elle. Il importe dans l’approche éducative auprès de la personne âgée de lui donner la parole.

     


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  • Les caractéristiques de la personne âgée institutionnalisée face aux médias.

    La vie en institution est le résultat d’un choix, d’une décision prise par la personne concernée ou par la famille soucieuse du bien être de la personne. De nos jours le rejet des personnes âgées est aussi une des causes de l’institutionnalisation de ce public.

     La vie en institution impose une vie en collectivité. La personne âgée n’a plus accès à une solitude paisible. La personne est confrontée à un espace de vie où l’intimité et la solitude peuvent se faire plus rares. En revanche, le lien social pourra y être plus soutenu de par les interactions quotidiennes avec les résidents et avec l’équipe de professionnels. Aussi, l’identité sociale pourra pour certain être maintenue. Cependant on peut se demander comment exister en tant que personne sans chez soi, enfermée dans une structure et entourée de personnes en perte de capacités psychiques et physiques ? Comment s’épanouir dans ce contexte angoissant ? L’éducation spécialisée joue ici un rôle important dans le maintien d’une qualité de vie et dans la recherche du bien être.

    Ce portrait noirci de la vie institutionnelle dans les services gérontologiques permet de mettre en évidence un lâcher-prise, une tendance à la perte de sens dans un climat institutionnel. L’activité de groupe, en relation avec des personnes plus jeunes (éducateurs) et de la même tranche d’âge ont pour effet de créer du sens à être ici et maintenant, et participe au bien être par la reconnaissance de soi : « Je fais, je participe donc je suis ». Dans l’activité de l’éducation aux médias, je tenterai d’établir le lien: « Je pense, donc je suis 10», (je doute donc j'existe), célèbre phrase du philosophe René Descartes.

    La télévision et les journaux sont des outils médiatiques omniprésents dans les homes et les maisons de repos. Le lien social est renforcé par les interactions en liens avec l’information médiatique. C’est un appui pour rentrer en contact avec l’autre. Cependant il est important tout de même pour les personnes de ne pas absorber les paroles, de ne pas véhiculer les idées reçues des médias sans les questionner. Pour Karl Popper notre esprit peut être assimiler à un récipient dans lequel quelqu'un d’extérieur viendrait verser des concepts préétablis. Selon lui, on pourrait toujours aller plus loin et dire qu'il est de notre devoir de douter des vérités 11.

    Comme avancé précédemment, la conversation de la personne âgée tient généralement pour beaucoup de sujets du quotidien. L’un des pouvoirs d’influence des médias est « l’agenda setting 12» : on peut voir cela comme un « prêt-à-penser » que diffusent les médias et qui se retrouve dans les conversations au quotidien. Alors, il est de mise de se demander quelle(s) influence(s) les informations spectaculaires joue(nt) sur le discours et la perception qu’ont les personnes âgées de leur société.

    Cependant, les personnes âgées ont pour traits généraux d’avoir des difficultés d’adaptation13 au changement, et de rechercher une certaine paix. Ainsi il faudra prendre garde à ne pas rendre ce changement trop brusque et laisser à la personne le choix du rythme d’intervention, ainsi que la liberté de prendre ou de refuser ce dit changement. En effet, l’éducation aux médias bouleverse la pratique de s’informer et de se laisser divertir. Ainsi, la personne peut choisir de ne pas réitérer l’approche amenée par l’éducateur si elle juge qu’elle ne lui convient pas.


    10 DESCARTES, R.,  Le discours de la méthode, 1637, Ed. Jan Maire, Leyde.

    11 POPPER, K., Objective Knowledge: An Evolutionary Approach, 1972, traduction complète de Jean-Jacques ROSAT, La connaissance objective, Éditions Aubier, 1991.

    12 CHARRON, J., « Les médias et les sources » Les limites du modèle de l'agenda-setting, Hermès, La Revue, 1995/3 n° 17-18, p. 73-92.

    13 Référence au courant de la psychologie du développement.

     


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  • Pourquoi les personnes âgées nécessiteraient-elles une intervention éducative pour aborder les contenus médiatiques ? 

    La personne atteignant 60 ans aujourd’hui est donc née en ou avant 1954. Les normes se sont développées tout au long de ces dernières décennies. Les médias et les contenus médiatiques ont énormément évolué dans notre « Société de l’information », et se sont multipliés. L’information s’est également accélérée, élargie (contexte de mondialisation) et diversifiée (people, faits divers).

    La personne âgée n’ayant pas reçu, comme les jeunes adultes d’aujourd’hui, d’enseignements scolaires, pouvant les amener à acquérir un esprit critique sur les médias, peut éprouver des difficultés à comprendre l’arrivée massive et quotidienne de l’information et de sa spectacularisation. Ainsi, elles peuvent être des cibles fragilisées des médias et en faire une mauvaise utilisation.

     L’intervention peut être faite pas un éducateur car il est l’interlocuteur privilégié des personnes âgées institutionnalisées. Dans ce contexte de frénésie médiatique, de course à l’audimat, l’éducateur pourra tenter de transmettre les outils symboliques nécessaires à l’émancipation de ce public face aux médias.


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  • Selon moi, le rapport que les personnes âgées entretiennent avec l’information spectacle est problématique car premièrement, elles n’ont, pour la plupart, pas conscience du fait que l’information est hiérarchiser selon une logique d’attrait du plus grand nombre au lieu de faire simplement état de faits. Deuxièmement, elles sont donc facilement manipulables et jouent le rôle que veulent leur attribuer les médias.

    A travers cette pratique, les personnes âgées sont passives vis-à-vis des contenus et absorbent quotidiennement ce qui est diffusé. Cela rythme leur vie en alimentant d’une part leur discussion et d’autre part leurs opinions. Cependant, nous pouvons nous questionner sur ce qu’il en est de la « soumission intellectuelle14 » dans une telle pratique. En effet, cette attitude vis-à-vis du contenu médiatique se conceptualise par Emmanuel Kant comme une attitude de « mineur » qui donne toute la légitimité et l’autorité à un tuteur. Ce serait l’incapacité de se servir de son « pouvoir de penser », de « l’entendement », « sans la direction d’autrui ».

    Ici les personnes âgées n’ont pas les « instruments de connaissances 15 » nécessaires pour aborder les informations qu’on leur sert, d’une autre manière que de façon passive.

     Il est alors du devoir de l’éducateur de tenter de mettre à disposition de la personne des outils permettant d’être acteur dans la réception du contenu médiatique et de se positionner face à l’information, de se la réapproprier ou de s’y opposer. D’autant plus que dans un climat de « spectacularisation de l’information 16», l’information devient une marchandise et le récepteur un consommateur explique Guy Debord dans son Essai intitulé « La société du spectacle »17 (dont vous pouvez visionner l'adaptation cinématographique ici 18). Les contenus seraient chargés d’émotions qui brouillent le sens même de l’information initiale. La démarche de l’éducateur permet ainsi à la personne d’acquérir de l’autonomie pour qu’elle puisse prendre une place active dans la société en s'émancipant du prêt-à-penser médiatique.


    14 KANT, E.,  Qu’est-ce que les lumières ? , paru en 1784 dans la Berlinische Monatsschrift [Revue Mensuelle Berlinoise].

    15 DEJEAN, J., Analyse des pratiques d’éducation et de formation, les étais, Ed. l’harmattan, 1991.

    16  DEBORD, G., La société du spectacle, Ed.Buchet-Chastel en 1967 ; Ed. Champ libre en 1971 ; Ed Gallimard en 1992, 167 p.

    17 DEBORD, G., La société du spectacle, Ed.Buchet-Chastel en 1967 ; Ed. Champ libre en 1971 ; Ed Gallimard en 1992, 167 p.

    18 Le film La société du spectacle tiré du livre de Guy DEBORD du mettre titre et réalisé et produit par Guy DEBORD en 1973.


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